Journée d'études

L’APPRENTISSAGE EN MOUVEMENT

organisée par Isabella Montersino et Emmanuel Rollinde

Lundi 22 juin 2015

Maison de la Recherche de Paris-Sorbonne

28 Rue Serpente (75006) Salle D 421, 4ème étage

RESUMES ET VIDEOS DES INTERVENTIONS

Les vidéos complètes des interventions et des discussions sont disponibles en suivant les liens contenus dans les titres des interventions (montage audio et images par Stefano Cossara)

I. Montersino (ELCI, Université Paris-Sorbonne), E. Rollinde (UPMC, IAP)

Présentation du Projet "Kinesthésie"

F. Loakes (Université Paris-Sorbonne), S. Miglierina (Université Paris-Sorbonne), I. Montersino (ELCI, Université Paris-Sorbonne), E. Rollinde (UPMC, IAP), N. Kamech (UPMC)

« UEs créées au sein du projet 'kinesthésie' »

1ère Partie -- 2ème Partie

Au cours de l'année académique 2014-2015, quatre nouvelles UEs de Licence ont été mises en place à l'Université Paris Sorbonne et Pierre et Marie Curie, dans le cadre de l'index 'kinesthésie' financé par Sorbonne Universités : un atelier de recherche encadré (upmc) associant physique et biologie à travers différentes formes de mise en geste ; une UE optionnelle (Paris 4) faisant interagir la danse et la physique, aboutissant à une chorégraphie sur le système solaire ; une UE transversale (upmc) d'aide à l'expression orale en langue italienne grâce aux ressources du théâtre d'improvisation, ainsi qu'une UE optionnelle (Paris 4) associant le travail de mémorisation scénique à l'élaboration d'un glossaire scientifique. Nous déclinerons les différents aspects de cette expérience, à la fois sur le plan pédagogique, institutionnel et de l'évaluation.

Fantine Cavé-Radet, doctorante à l'Université de Rouen (ERIAC)

Philippe Brunet, professeur de littérature grecque à l'Université de Rouen (ERIAC)

« Enseigner la danse à travers la musique retrouvée des Hymnes delphiques à Apollon »

1ère Partie -- 2ème Partie -- Hymnes de Delphes interprétés par Fantine Cavé-Radet

La poésie de l'Antiquité s'est chantée et dansée ; on ne peut concevoir le texte sans la voix, ni la voix sans le corps. Le partage institutionnel en musique, théâtre, et danse est une innovation moderne. Revenir à l'interprétation orale et musicale a été tenté depuis plusieurs années par des philologues comme Stephen Daitz, Annie Bélis, et par la troupe Démodocos dirigée par Philippe Brunet. Pas de poésie sans rythme ni mélos : or, nous avons, avec les Hymnes de Delphes retrouvés à la fin du XIXe siècle, l'occasion de faire vivre musicalement cette langue. Il restait à la faire vivre corporellement. Le rythme à cinq temps possède une qualité cosmique particulière, et le pas tournant s'est rapidement imposé dans la chorégraphie que propose Fantine Cavé-Radet, sur un texte musicalement établi et complété par François Cam. La chorégraphie a été créée ce printemps par les étudiants de l'Atelier Choeur et Théâtre antiques de l'université Paris-Sorbonne.

Jean-Philippe Uzan, CNRS, IAP

« Harmonie entre sciences et musique »

Discussion

Les liens entre musique, mathématiques et astronomie remontent à l'antiquité et ont marqué l'enseignement tout au long du Moyen-Age, en particulier à travers le Quadrivium. Suite à des interventions dans une classe de CM2 à Bobigny, j'ai développé tout un projet autour de son et lumière et de sciences et musique. Je décrirai les motivations et développements de ces idées en évoquant en particulier la création de l'installation sonore VOSTOK et un projet que je piloterai avec l'Opéra de Paris cet automne.

Elsa Ballanfat, Université Paris-Sorbonne, Département de Philosophie

« La danse ou l’expérience des concepts : une autre compréhension du corps »

Discussion

Dans un mouvement peut-être surprenant au départ, notre propos ne consistera pas à considérer que la danse facilite l’apprentissage des savoirs, mais qu’elle en constitue un par elle-même. Parce que sa pratique moderne en particulier a su faire du mouvement la seule fin du mouvement, la danse permet une expérience du corps inédite, dévoilant une conscience corporelle, des besoins impensés, loin de la seule définition physique du corps soumis aux lois de la gravité. C’est ainsi le renouvellement du concept de corps à l’aune de la pratique artistique de la danse qui nourrira notre intérêt, jusqu’à rencontrer ceux d’espace et de vide.

Texte complet de l'intervention : Ballanfat_Intervention_colloque22juin

Alain mouchet, MCF-HDR, Département STAPS Université Paris Est Créteil, LIRTES (EA7313)

« Les prises de décision en situation sportive : entre rationalité et subjectivité »

Discussion

Les très bons joueurs dans les sports d'équipe semblent posséder un sens du jeu qui leur permet d'être au bon endroit au bon moment et paraissent avoir plus de temps pour agir et prendre les bonnes décisions sous la pression. Ces experts sont caractérisés par ce remarquable ‘sens pratique’ qui constitue un mode de fonctionnement avec une maîtrise pratique incarnée d'un environnement complexe et dynamique. Cette activité implique une myriade de décisions émergentes sous une pression temporelle extrême, tout en étant façonnées par l’arrière-plan décisionnel. Dans ces décisions en situation, il y a peu de séparation entre la perception, la prise de décision et l'action, entre l'esprit et le corps, ou entre le joueur et l'environnement de jeu.

Nous présentons des éléments épistémologiques, théoriques et méthodologiques visant à comprendre en recherche, l’activité décisionnelle d’experts sportifs en match. Nous opérons une friction entre des modèles théoriques complémentaires pour éclairer la combinaison entre programmation et émergence des décisions. Nous soulignons avec un regard psychophénoménologique l’importance de la dimension subjective, que ce soit dans les prises de décision ou dans la dynamique attentionnelle. Enfin nous évoquons des réflexions pour la formation des joueurs aux prises de décisions en sport, étudiants STAPS ou jeunes d’élite, susceptible de favoriser l’articulation entre logique rationnelle et logique personnelle, entre supports théoriques et action vécue.

Daniel Andler, SND, Université Paris-Sorbonne

« Les sciences cognitives devant le corps »

Discussion

Selon la conception dite « classique » des sciences cognitives, aussi nommée « orthodoxe », ou « intellectualiste », ou encore « représentationnaliste », la cognition est un processus à trois étapes : percevoir, inférer, actionner. L’étape médiane, inférence ou cogitation, se déroule « à huis clos » : muni des représentations obtenues à l’étape précédente ou stockées en mémoire, et guidé par un objectif fixé au préalable, le système détermine les commandes motrices qu’il transmet à l’étape suivante aux effecteurs. Tel le contrôleur aérien, le système opère non directement sur un monde dans lequel il perçoit et il agit, mais par la médiation d’informations symboliques renvoyant à des situations, captées par les organes sensoriels, ou à des mouvements générés par les organes moteurs.

Le corps joue dans cette conception un rôle instrumental au service de la cognition. Un ordinateur branché sur une caméra et actionnant des membres robotiques pourrait donc être équivalent à un être humain. C’est à quoi s’oppose le courant de la cognition « incarnée » (embodied). Cette opposition est diversement motivée et conduit à toutes sortes de choix doctrinaux. Je présenterai deux ou trois manières qui ont été proposées pour réintégrer le corps dans la cognition, et poserai la question de savoir si elles conduisent à une révision de notre théorie ou de notre pratique pédagogique.

Jean-Rémi LAPAIRE, Université Bordeaux-Montaigne – EA 4196 CLIMAS

« De la dématérialisation à l'incorporation: corps, écrans, sensations »

Ecrans fixes, postures figées, motricité contrainte : l'univers numérique a pour propriété remarquable de brider les corps, alors même qu'il offre des possibilités inédites d'ouverture sur des pédagogies numériques multimodales. En nous tournant successivement vers les arts (numéridanse) et les sciences (biologie, astrophysique), et en nous appuyant sur les recherches de Goldin-Meadow (2007), Glenberg (2010), Lindgren (2013), nous présenterons les premiers résultats de nos propres expérimentations multisensorielles en salle informatique, sur une population test de 50 sujets de niveau master. Nous démontrons comment l'intégration de stimuli visuels et sonores, ainsi qu'une exploration située de la kinesphère (Laban 1962), peuvent mener à des degrés d'engagement et de focalisation renforcés, tout en développant de nouvelles postures d'enseignement-apprentissage.

Résumé plus complet et liens utiles : Lapaire_Intervention_colloque22juin

D. Bottineau, CNRS, UMR 7187 LDI, Université Paris 13 (Villetaneuse)

« L'inscription corporelle de la langue par la parole »

Discussion

Je montrerai que le système phonologique d'une langue est une coordination de diverses motricités vocales et non vocales, diversement solidaires et hiérarchisées. Ces coordinations s'apprennent dans l'interaction et permettent l'émergence du sens dans l'intersubjectivité. Ceci a des conséquences précises pour les méthodes d'enseignement, je les évoquerai. Je parlerai de l'anglais, de l'espagnol, du FLE, de l'allemand et expliciterai le positionnement théorique (l'enaction). J’évoquerai également la création en cours d'un laboratoire en didactique des langues pour élèves ingénieurs pour le réseau IMT (Institut Mines Telecom).

Stefano Cossara, SND, Université Paris-Sorbonne

« Remarques sur l’efficacité des pratiques kinesthésiques dans l’enseignement des sciences et des langues »

Discussion

Quelles preuves avons-nous de l’efficacité des pratiques kinesthésiques appliquées à l’enseignement ? La psychologie et les sciences cognitives confirment-elles les convictions des enseignants qui croient que le corps joue un rôle centrale dans l’apprentissage ? Une réponse à ces questions ne peut pas faire abstraction d’une interrogation sur la signification du terme « kinesthésique ». Mu par la conviction que même à l’intérieur du domaine pédagogique le terme « kinesthésie » et les termes associés (« mouvement », « gestuelle ») désignent un ensemble relativement vaste et non entièrement homogène de pratiques, dans cet exposé je concentre mon attention sur une partie des activités kinesthésiques développées à l’intérieur du présent projet. Tout en reconnaissant l’importance des facteurs d’efficacité communs à l’enseignement des sciences et des langues, je soutiens qu’une pleine valorisation des deux domaines est possible seulement à condition de ne pas en ignorer les éléments de diversité, liés aux différents buts et défis qui caractérisent l’apprentissage des sciences d’un côté, des langues de l’autre. J’examine donc la littérature à la recherche d’études qui fournissent des preuves de l’efficacité des différents types de pratiques kinesthésiques dans les deux domaines disciplina

Résumé plus complet et liens utiles : Cossara_Intervention_colloque22juin

Journée de réflexion du 22 juin 2015

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